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ce de n’avoir point apris son vray nom à son valet, afin qu’il ne manquast point à la rencontrer. Toutefois il ne se pouvoit repentir de ce qu’il avoit fait, quand il se representoit qu’il s’estoit obligé par un serment fait à l’amour de n’appeller plus cette belle autrement que par ce nom incomparable de Charite, et puis tombant à la fin dans le fons de sa follie, il s’imagina que veritablement elle s’appelloit ainsi, et que c’estoit une chose connuë de tout le monde. Comme son esprit fut en repos de ce costé là, il eut de bien douces pensees, se figurant que sans doute Charite recevroit sa lettre, et que les mots qu’il avoit escrits seroient si heureux que d’estre l’object de sa veüe et le sujet de sa parole. Cependant son