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fois, je me mis à les regarder, m’imaginant que ce n’estoit pas sans dessein. Comme de fait c’estoit que ne pouvant parler, il me declaroit sa fortune par cette invention. J’eusse employé beaucoup de longues journees à assembler les lettres qu’il me touchoit, et à escrire les mots à mesure, et puis je me trompois quelque fois à remarquer les caracteres, tellement que mon geay s’avisa de prendre de l’ancre en son bec, et de m’escrire ses intentions pour me delivrer de peine. Il m’en aprit ainsi une partie, et pour l’autre il me la dit avec sa langue, qui petit à petit commençoit de se deslier, et me fit tout le recit du banquet des dieux. Je pense que ce docte oyseau ne vouloit pas que j’en sçeusse davantage de luy, ca