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fait parler tous, tellement qu’ils auroient bien tost trouvé ce qu’ils devroient dire. Cela seroit trop grossier, dit Mercure, il ne nous faut rien joüer que de nouveau. Nous avons ceans les muses qui sont plus sçavantes que les poëtes, puis que ce sont elles qui les inspirent ; neantmoins à dire la verité elles ne nous aprendront rien qui nous soit propre, tant elles font les chastes et les resserrees, et je ne sçay pas comment ceux qui font des vers amoureux s’imaginent qu’elles leur aydent, veu qu’elles n’en font pas elles mesmes. Toutefois je vous diray, nous ne manquerons pas de poësie, si nous voulons, encore que nous n’ayons icy ny Hesiode ny Homere : car nous avons Pythagore et Platon, qui disent des choses aussi estranges que les poëtes.