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à luy recommander de me faire bon visage, et de faire devant moy la sage et la modeste : aussi n’y manquoit-elle pas, et je vous jure que comme elle estoit encore fort jeune et fort simple, je prenois un plaisir extréme à l’ouyr parler innocemment d’amour. Je ne vous diray pas combien j’ay passé doucement d’apresdisnees et de soirees avec elle, ny combien je luy ay donné de serenades, et envoyé de lettres et de vers : il suffit que je vous aprenne que je ne vivois plus que pour elle, et qu’elle ne vivoit plus que pour moy, et qu’aimant mieux le contentement que les richesses, je me disposois à l’espouser dés que j’aurois peu le faire trouver agreable à mes parens. Toutefois dés ce temps là, je remarquois bien quelques artifices en sa mere et en elle, mais la passion m’aveuglant je trouvois tout supportable. Quand