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il me semble que c’est un paysan aussi bien fait qu’il y en ait en ce pays cy. Il a un pourpoint et des chausses, et ne sçavez vous pas que les satyres vont tous nus ? Ha ! Que vous estes deceu, reprit Lysis, n’avez vous pas bien veu que c’estoit un satyre deguisé ? Il avoit pris un habit de paysan, afin d’entrer librement dedans ce bourg, pour enlever ma Charite. Pour moy j’ay bien remarqué qu’il avoit les pieds tout tortus, et son pourpoint estant deboutonné, et sa chemise ouverte, j’ay veu que sa poitrine estoit toute veluë, et quand tout cela ne seroit point, la laideur de son visage le rendoit assez reconnoissable. Bien donc, repartit Anselme, je vous acorde que c’est un satyre, vous l’avez mieux senty

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que moy. Voyons seulement si vous estes si fort blessé. A