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proche, vous, témoins des événements qui se passent ici, et faites-en retomber l’iniquité sur les dieux, qui , après lui avoir donné le jour et l’avoir nommé leur fils, le voient souffrir ainsi sans pitié[1]. Nul mortel ne prévoit l’avenir, mais le présent est affligeant pour nous, honteux pour les dieux, cruel surtout pour le héros qui, entre tous les hommes, subit de telles souffrances.

LE CHŒUR.

Vous aussi, jeunes Trachiniennes, ne restez pas en ces lieux, et suivez-nous ; vous venez de voir des morts récentes de grands personnages, et bien des calamités inouïes ; mais aucun de ces faits ne s’est accompli que par la volonté de Jupiter[2].


FIN DES TRACHINIENNES.
  1. Ici, le reproche s’adresse à Jupiter.
  2. Un manuscrit de Brunck, et les anciennes éditions attribuaient ces quatre derniers vers au Chœur, dans la personne des coryphées parlant ainsi aux jeunes filles qui composent. Mais Hermann a prétendu que c’est Hyllos qui continue, et il est suivi par Bothe, Dindorf et Ahrens. Cependant, il n’y a nulle raison de manquer à l’usage constant de terminer le drame par les paroles du Chœur, auquel il appartient de servir d’organe au poète ; et de plus, après les amers reproches que vient d’adresser aux dieux le jeune Hyllos, blessé dans sa tendresse filiale, par la mort de sa mère et de son père, c’est le Chœur qui doit manifester, eu finissant, l’impression religieuse de l’action tragique, et rappeler que, même parmi ces luttes terribles du Destin, prévalait toujours l’ordre du monde réglé par les dieux.