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drai, et une fois descendu aux enfers, mes imprécations pèseront toujours sur toi.

HYLLOS.

Hélas ! mon père, qu’as-tu dit ? quel acte exiges-tu de moi ?

HERCULE.

Ce qu’il faut accomplir ; sinon, je ne suis plus ton père, et tu n’es plus mon fils[1].

HYLLOS.

Hélas ! encore une fois, à quel crime me contrains-tu, mon père ? que je sois meurtrier, parricide !

HERCULE.

Non, ce n’est pas là ce que je veux ; mais, dans les maux auxquels je suis en proie, sois mon sauveur, mon seul libérateur.

HYLLOS.

Comment serai-je ton libérateur, en livrant ton corps aux flammes ?

HERCULE.

Mais si ce triste office t’épouvante, au moins fais le reste.

HYLLOS.

Certes, je ne refuse pas de porter ton corps.

HERCULE.

Et le bûcher que je t’ai demandé, le construiras-tu aussi ?

HYLLOS.

Pourvu que ma main n’y mette pas la flamme, je suis prêt à faire le reste, et tu n’auras rien à regretter de ma part.

HERCULE.

Cela suffira ; à ces importants services ajoute encore une légère grâce.

HYLLOS.

Quoi que tu me demandes, je le ferai.

  1. Littéralement : « deviens le fils d’un autre père, et ne sois plus appelé le mien. »