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DÉJANIRE.

Je le vois, chères amies, et mes yeux n’ont pas perdu leur vigilance, au point de ne pas voir ce cortège. Salut au héraut qui reparait après un si long temps, si tu apportes quelque nouvelle agréable !

LICHAS.

Oui, notre retour est heureux ; et ce bon accueil, ô femme, est bien dû à ce que nous avons fait ; car le guerrier qui revient vainqueur a droit à des paroles bienveillantes.

DÉJANIRE.

O le plus cher des hommes, réponds d’abord à ma première question, Hercule est-il vivant ?

LICHAS.

Je l’ai laissé plein de force et de vie, florissant, et exempt de mal.

DÉJANIRE.

En quels lieux ? sur le sol de la patrie, ou sur une terre étrangère ? Parle.

LICHAS.

Sur le rivage de l’Eubée ; il y dresse des autels, et fait des offrandes de fruits à Jupiter Cénéen[1].

DÉJANIRE.

Est-ce pour s’acquitter d’un vœu, ou pour obéir à un oracle ?

LICHAS.

C’est un vœu qu’il a fait, alors que ses armes dévastaient et subjuguaient le pays de ces femmes que tu vois devant toi.

DÉJANIRE.

Mais ces femmes, au nom des dieux, quelle est leur patrie, et qui sont-elles ? car elles sont dignes de pitié, si je ne m’abuse sur leurs malheurs.

LICHAS.

Hercule, lorsqu’il eut ruiné la ville d’Eurytos, les a

  1. Du nom de Cénée, promontoire de l’Eubée.