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DÉJANIRE.

Que, dans l’absence si prolongée de ton père, il est honteux pour toi de ne point t’enquérir des lieux où il est.

HYLLOS.

Mais je sais où il est, s’il faut en croire certains bruits.

DÉJANIRE.

Et en quel lieu de la terre, mon fils, le dit-on arrêté ?

HYLLOS.

On prétend que, l’année passée, il fut longtemps esclave d’une femme Lydienne[1].

DÉJANIRE.

On peut donc s’attendre à tout, s’il a supporté un tel opprobre.

HYLLOS.

Mais il a rompu ces liens, à ce que j’apprends.

DÉJANIRE.

Où donc annonce-t-on qu’il est à présent, vivant ou mort ?

HYLLOS.

On dit qu’il marche, ou du moins qu’il va marcher en Eubée, contre la ville d’Eurytos[2].

DÉJANIRE.

Et sais-tu, mon fils, quels oracles certains[3] il m’a laissés sur cette contrée ?

HYLLOS.

Lesquels, ma mère ? car je ne les connais pas[4].

DÉJANIRE.

C’est là, disent-ils, qu’il doit trouver la fin de sa vie, ou qu’après ce dernier travail, il doit passer le reste de ses jours dans un heureux repos. Donc, dans un péril si imminent, n’iras-tu pas, mon fils, au secours de ton

  1. Omphale, comme on le verra plus bas.
  2. Œchalie, ville de Thessalie, dans Homère. Mais plus tard les poètes en mirent une dans l’Eubée.
  3. Le même vers se trouve dans les Phéniciennes d’Euripide, v. 707, avec la seule différence de ταῦτα, pour μῆτερ.
  4. Il sera question de ces oracles aux vers 822 et suivants.