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NÉOPTOLÈME.

Je le sais, mais les mêmes vents sont aussi contraires à Ulysse.

PHILOCTÈTE.

Il n’y a pas de vents contraires pour les pirates, quand il s’agit d’exercer leurs rapines et leurs brigandages.

NÉOPTOLÈME.

Eh bien ! s’il te plaît ainsi, partons, et prends d’abord dans ta grotte les objets qui te sont le plus nécessaires ou agréables.

PHILOCTÈTE.

En effet, il en est dont je ne puis me passer, quoiqu’ils ne soient pas abondants.

NÉOPTOLÈME.

Qu’y a-t-il que tu ne puisses trouver sur mon vaisseau ?

PHILOCTÈTE.

J’ai là une certaine plante propre à assoupir ma plaie, au point de calmer mes douleurs.

NÉOPTOLÈME.

Emporte-la donc. Est-il encore quelque autre chose que tu désires prendre ?

PHILOCTÈTE.

Je vais voir si je n’aurais pas laissé échapper par mégarde quelqu’une de ces flèches, pour éviter qu’on ne s’en empare.

NÉOPTOLÈME.

Est-ce donc là cet arc, celui que tu tiens, célèbre à présent ?

PHILOCTÈTE.

Oui, c’est bien celui que tu vois entre mes mains.

NÉOPTOLÈME.

M’est-il permis de le contempler de près ? puis-je toucher et baiser ces armes d’un dieu[1] ?

  1. Littéralement : « l’adorer comme un dieu. » Fénelon , dans Télémaque : « Ces armes consacrées par l’invincible Hercule. »