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formés sur toi ; mais déjà ce ne sont plus de simples projets, ce sont des actes qui s’accomplissent, et dont l’effet se verra bientôt.

NÉOPTOLÈME.

Étranger, si la nature ne m’a pas fait ingrat, le service que m’a rendu ta sollicitude pour moi t’assure à jamais de ma reconnaissance ; mais explique ce que tu disais, que je sache quels nouveaux desseins des Grecs tu as appris.

LE MARCHAND.

Le vieux Phénix et les fils de Thésée[1] sont partis à ta poursuite sur un navire[2].

NÉOPTOLÈME.

Est-ce par la violence ou par la persuasion qu’ils veulent me ramener ?

LE MARCHAND.

Je l’ignore ; je te rapporte seulement ce que j’ai ouï dire.

NÉOPTOLÈME.

Est-ce donc que Phénix et ses compagnons montrent tant d’ardeur pour la cause des Atrides ?

LE MARCHAND.

Ce qu’il y a de certain, c’est que la chose est faite, et n’est plus à faire.

NÉOPTOLÈME.

Comment donc Ulysse ne s’est-il pas trouvé lui-même prêt à partir pour cette mission ? Est-ce la crainte qui l’a retenu ?

LE MARCHAND.

Mais Ulysse et le fils de Tydée allaient à la recherche d’un autre guerrier, quand je quittai le port.

  1. Acamas et Démophon, selon le scholiaste. Ils ne sont pas nommés dans le catalogue d’Homère, qui donne Ménesthée pour chef aux Athéniens. Mais les poètes dramatiques aimaient à rappeler aux spectateurs toutes les antiques traditions d’Athènes. Euripide parle aussi des fils de Thésée, au v. 125 d’Hécube.
  2. Ναυτικῷ στόλῳ. « Avec une expédition maritime. »