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LE MESSAGER.

Ceci est de l’avenir ; laissons-en le soin à ceux qu’il regarde[1] ; c’est du présent qu’il faut nous occuper.

CRÉON.

Puissé-je les voir s’accomplir, ces vœux que j’ai formés !

LE MESSAGER.

Ne forme point de vœu[2] ; car il n’est point donné aux mortels d’échapper à leur destinée.

CRÉON.

(Antistrophe 3.) Emmenez donc un infortuné qui, sans le vouloir, t’a tué, ô mon fils, et toi aussi, chère épouse ! O malheureux ! je ne sais où tourner les yeux, ou courir ; car tout le présent est perdu pour moi, et quant à l’avenir, un destin insupportable l’a suspendu sur ma tête[3].

LE CHOEUR.

La sagesse est de beaucoup le gage le plus certain du bonheur ; il ne faut jamais oublier ses devoirs envers les dieux ; les paroles présomptueuses attirent des châtiments sévères sur les orgueilleux, et leur enseigne une tardive prudence.


FIN D’ANTIGONE.
  1. C’est-à-dire, « aux Dieux. »
  2. Virgile, Enéide, VI, 376 :
    Desine fata Deum flecti sperare precando.
  3. Voir dans Œdipe Roi, v. 2631, une expression semblable : « La mauvaise fortune avait fondu sur sa tête. »