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cun arrêt des dieux reste sans effet. Le temps veille sans relâche sur toutes choses, il révèle certains événements, il en ajourne d’autres pour les mûrir... Mais le tonnerre gronde, ô Jupiter !

ŒDIPE.

Mes filles, mes chères filles, oh ! si un des habitants pouvait faire venir ici Thésée, si bienveillant pour nous !

ANTIGONE.

Dans quelle intention le demandes-tu, mon père ?

ŒDIPE.

Cette foudre ailée de Jupiter me conduira bientôt chez Pluton. Envoyez sur-le-champ vers Thésée.

LE CHŒUR.

(Antistrophe 1.) Voici encore, un bruit terrible se fait entendre, c’est la foudre lancée par Jupiter ; mes cheveux se hérissent d’effroi, mon cœur a tremblé ; car de nouveaux éclairs sillonnent les cieux. Quel événement nous annoncent-ils ? Je frémis ; car ce présage ne se manifeste jamais en vain. O grand éther ! ô Jupiter !

ŒDIPE.

Mes filles, voici l’heure marquée par les dieux pour la fin de ma vie, je ne puis plus m’y soustraire.

LE CHŒUR.

Comment le sais-tu ? quel signe te l’annonce ?

ŒDIPE.

J’en ai la certitude. Qu’on aille au plus tôt appeler le roi de ce pays.

LE CHŒUR.

(Strophe 2.) Voici de nouveau ce bruit retentissant qui s’élève. Dieu, sois-moi propice, si tu prépares quelque calamité à la patrie qui m’a nourri[1] ! Puissé-je avoir partagé la société d’un juste, et n’être pas cruellement puni pour avoir accueilli un coupable ! O Jupiter ! je t’invoque !

  1. L’Attique.