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aient été pour elles, et je n’en suis nullement offensé. Car ce n’est point par des paroles que je cherche à illustrer ma vie, mais plutôt par des actions. Je l’ai prouvé ; je n’ai manqué à rien de ce que je t’avais juré, vieillard ! je te ramène tes filles vivantes, après avoir confondu les menaces de Créon. Qu’ai-je besoin de te faire un glorieux récit de cette victoire ? tes filles sont là pour t’en instruire. Mais un bruit que je viens d’apprendre en chemin mérite ton attention, c’est un incident léger en apparence, mais cependant assez remarquable. L’homme sage ne doit rien négliger.

ŒDIPE.

Qu’y a-t-il donc, fils d’Égée ? apprends-le-moi, car je ne sais rien de ce qu’on t’a dit.

THÉSÉE.

On dit qu’un étranger, qui n’est pas de la même ville que toi, mais qui est ton allié, s’est réfugié pendant mon absence auprès de l’autel de Neptune, où j’avais offert un sacrifice[1].

ŒDIPE.

De quel pays est-il ? pourquoi a-t-il choisi cet asile ?

THÉSÉE.

Je ne sais qu’une seule chose ; on dit qu’il te demande une faveur légère qui te coûtera peu.

ŒDIPE.

Laquelle ? l’asile où il s’est réfugié annonce quelque chose d’important.

THÉSÉE.

On dit qu’il demande à t’entretenir, et à pouvoir se retirer en sûreté.

ŒDIPE.

Quel peut donc être cet homme, qui se met sous la protection des dieux ?

  1. Thésée parle ici de Polynice, qui, ayant épousé la fille d’Adraste, était devenu Argien par alliance.