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CRÉON[1].

Tu te déclares l’ennemi de Thèbes, si tu me blesses en rien.

ŒDIPE.

Ne vous avais-je pas annoncé ses projets[2] ?

LE CHŒUR.

Laisse au plus tôt cette jeune fille.

CRÉON.

N’ordonne point ce qu’il n’est pas en ton pouvoir de faire.

LE CHŒUR.

Je te dis de la laisser libre.

CRÉON.

Et moi, je te dis de passer ton chemin[3].

LE CHŒUR.

Accourez, citoyens, accourez ! on outrage notre cité, on l’attaque violemment. Venez à notre secours.

ANTIGONE.

On m’entraîne, malheureuse ! À moi, étrangers !

ŒDIPE.

Où es-tu, mon enfant ?

ANTIGONE.

On m’emmène de force.

ŒDIPE.

Tends-moi les bras, ma fille.

ANTIGONE.

Hélas ! je ne puis.

CRÉON., à sa suite.

L’emmènerez-vous enfin ?

ŒDIPE.

Hélas ! malheur à moi !

CRÉON.

Désormais tu n’auras plus ces soutiens pour tes pas

  1. Dans le dialogue qui suit, nous avons adopté les changements d’interlocuteurs proposés par les éditeurs les plus récents.
  2. Voyez plus haut, v. 784 et suivants.
  3. Il est probable qu’alors le Chœur faisait mine d’en venir aux mains avec Créon et les siens.