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teur des oliviers sacrés, et Minerve aux yeux bleus, veillent sur lui.

(Antistrophe 2.) J’ai encore à célébrer un autre mérite de cette cité, don du puissant Neptune, et la principale gloire de ce pays, l’art de dompter les coursiers, et l’empire de la mer : ô fils de Saturne, puissant Neptune, c’est toi qui l’as élevée à ce degré de gloire, en lui enseignant l’usage du frein qui maîtrise le cheval ; par toi aussi, le navire, mû par les rames agiles, vole rapidement sur les ondes, à la suite des cent Néréides[1].



ANTIGONE.

O contrée célébrée par tant de louanges, voici le moment de prouver la vérité de ces brillants éloges.

ŒDIPE.

Qu’y a-t-il donc de nouveau, ma fille ?

ANTIGONE.

Voici Créon qui accourt vers nous, avec une suite nombreuse, mon père.

ŒDIPE.

Vieillards généreux, montrez que sous votre protection j’ai enfin trouvé un asile sûr.

LE CHŒUR.

Rassure-toi, tu l’auras ; car si je suis vieux, la valeur de cette contrée n’a pas vieilli.

CRÉON.

Nobles habitants de celle terre, je vois dans vos regards la crainte que vous avez conçue de mon arrivée subite ; cependant ne concevez point d’alarme, et ne proférez pas de menaces. Je ne viens point ici user de violence, car je suis vieux, et je sais que je suis dans une ville puissante entre toutes les villes de la Grèce ; je suis venu pour engager ce vieillard à me suivre sur la terre de Cadmus ; ce n’est pas un seul qui m’envoie, mais c’est une ville tout

  1. Cette image du navire qui bondit sur la mer, à la suite des Néréides, se retrouve dans l’Électre d’Euripide, v. 434.