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ŒDIPE.

Oui, si les dieux me le permettaient ; mais c’est en ce lieu...

THÉSÉE.

Que veux-tu y faire ? car je ne m’y opposerai pas.

ŒDIPE.

Que je triompherai de ceux qui m’ont banni.

THÉSÉE.

Ce serait un précieux effet de ta présence sur cette terre.

ŒDIPE.

Oui, si tu remplis ta promesse, comme je remplirai la mienne.

THÉSÉE.

Compte sur moi ; je ne te trahirai pas.

ŒDIPE.

Je ne te lierai point par un serment, comme un trompeur.

THÉSÉE.

Tu n’aurais pas en effet de garantie plus sûre que ma parole[1].

ŒDIPE.

Comment donc feras-tu ?

THÉSÉE.

Quelle crainte peux-tu avoir ?

ŒDIPE.

Des hommes viendront...

THÉSÉE.

Mais voici des gens à qui ils auront affaire.

ŒDIPE.

Prends garde, si tu m’abandonnes...

THÉSÉE.

Tu n’as pas besoin de me dire mon devoir.

ŒDIPE.

Quand on craint, il faut bien...

  1. Thucydide, l. III, c. 83, a également opposé la parole au serment. — Philoctète, dans la tragédie de Sophocle, v. 811, dit aussi à Néoptolème : « Je ne veux pas, mon fils, te lier par un serment. »