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LE CHŒUR.

O Jupiter !

ŒDIPE.

Le malheureux Œdipe ?

LE CHŒUR.

Serait-ce donc toi ?

ŒDIPE.

Ne vous effrayez pas de ce que je vous dis.

LE CHŒUR.

Hélas !

ŒDIPE.

Infortuné !

LE CHŒUR.

Hélas !

ŒDIPE.

Ma fille, que va-t-il arriver ?

LE CHŒUR.

Sortez, fuyez loin de cette contrée.

ŒDIPE.

Et tes promesses, comment les tiens-tu ?

LE CHŒUR.

Le Destin ne punit point celui qui ne fait que rendre le mal pour le mal ; une tromperie, repoussée par d’autres tromperies[1] n’apporte que malheur à son auteur. Toi donc, sors de ces lieux , fuis loin de cette terre, de peur que ta présence n’attire des malheurs sur notre cité.

ANTIGONE.

Étrangers compatissants, si vous ne voulez pas entendre de mon vieux père le récit de ses crimes involontaires, moi, du moins, infortunée, nous vous en conjurons, prenez-moi en pitié, moi qui vous implore pour mon père, moi qui vous supplie en attachant sur vos yeux mes yeux, qui ne sont pas aveugles, comme si j’étais issue de votre sang[2], et de-

  1. La tromperie qu’ici le Chœur reproche à Œdipe, c’est de n’avoir pas répondu à sa question, lorsqu’il lui demandait s’il était aveugle de naissance.
  2. Elle excuse ainsi un manque à la bienséance, qui défendait aux jeunes filles grecques de regarder les hommes, s’ils n’étaient leurs parents ou leurs proches.