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dacos, du descendant de Polydore, de Cadmus et du vieil Agénor. Ceux qui refuseront de souscrire à mes ordres, fassent les dieux qu’ils voient leurs champs sans moissons et leurs épouses sans enfants ! mais qu’ils meurent du fléau qui nous désole, ou d’une mort encore plus affreuse ! Quant à vous, Thébains, qui approuvez mes desseins, que toujours la Justice vous protège, et que tous les dieux vous soient favorables !

LE CHŒUR.

Puisque tes imprécations m’y contraignent, je parlerai ; je n’ai pas tué Laïus, et je ne puis indiquer le meurtrier. Et quant à sa recherche, c’était à Phébus, qui l’a ordonnée, à faire connaître l’auteur du crime.

ŒDIPE.

Tu dis vrai ; mais contraindre les dieux à faire ce qu’ils ne veulent point n’est pas au pouvoir d’un mortel.

LE CHŒUR.

Je pourrais te proposer un second avis, qui me semble bon.

ŒDIPE.

Si même tu en as un troisième, ne crains pas de le dire.

LE CHŒUR.

Le puissant Tirésias, je le sais, partage avec le puissant Apollon la science de l’avenir, et, en l’interrogeant, on pourrait obtenir de lui d’importantes révélations.

ŒDIPE.

Je n’ai pas négligé non plus cette voie. En effet, sur l’avis de Créon, j’ai envoyé vers lui un double message, et je m’étonne qu’il tarde si longtemps.

LE CHŒUR.

Quant aux autres bruits qui ont couru, ils sont sans fondement et surannés.

ŒDIPE.

Quels sont ces bruits ? je veux approfondir tout ce qui se dit.

LE CHŒUR.

Laïus fut tué, dit-on, par des voyageurs.