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ŒDIPE ROI

PERSONNAGES

ŒDIPE.

TIRÉSIAS.

LE GRAND PRÊTRE.

JOCASTE.

CRÉON.

UN MESSAGER.

CHŒUR DE VIEILLARDS THÉBAINS.

UN SERVITEUR DE LAÏUS.

UN SECOND MESSAGER.


Le lieu de la scène est à Thèbes, sur la place publique : on voit le palais du roi, le temple d’Apollon, et des statues des dieux.


ŒDIPE.

Enfants, jeune postérité de l’antique Cadmus[1], quel empressement vous rassemble sur ces degrés, portant dans vos mains les rameaux des suppliants[2] ? L’encens des sacrifices fume dans toute la ville, qui retentit à la fois d’hymnes et de gémissements. Ne voulant point apprendre vos malheurs d’une voix étrangère, je suis venu moi-même ici, moi, cet Œdipe dont le nom est dans toutes les bouches. Dis-moi donc, vieillard, toi à qui il appartient de parler au nom des autres, dis-moi quel motif vous rassemble ; est-ce la crainte ? est-ce pour implorer les dieux ? Mon désir est de vous être secourable ; car il faudrait que je fusse insensible, pour n’être pas ému de pitié par un tel spectacle.

LE GRAND PRÊTRE.

Œdipe, souverain de mon pays, tu vois quelle foule se presse autour des autels devant ton palais[3] ; des enfants

  1. Cadmus était reconnu pour le fondateur de Thèbes.
  2. Les suppliants portaient dans leurs mains des branches d’olivier, entourées de bandelettes de laine, et les déposaient sur les autels des dieux. V. les Suppliantes d’Eschyle, 332 ; et les Suppliantes d’Euripide, 257-258.
  3. Devant la plupart des maisons de quelque importance s’élevaient des autels, quelquefois même des statues consacrées aux dieux tutélaires, notamment à Apollon ᾿Αγυιευς (dieu des rues). (Voir Électre, v. 637 et 1375, p. 164 et 426 ; Aristophane, Guêpes, v. 875 ; Plaute, Curculio, I, I, 71) :
    Nunc ara Veneris hæc est ante horum fores.