Tu m’as vu quand les dieux m’ont donné l’ordre de revenir.
Cette parole augmente encore ma joie de ta présence, si c’est un dieu qui t’a ramené vers nous ; et je regarde ton retour comme une chose divine.
C’est à regret que je réprime tes transports, mais je crains fort que tu ne cèdes trop à l’excès de ta joie.
O toi qui, après une si longue attente, as entrepris ce voyage qui t’a rendu à mes vœux, ne va pas, quand tu me retrouves ainsi accablée par le malheur....
Que veux-tu de moi ?
Ne va pas m’interdire la joie de ta présence.
Non certes ; je m’indignerais que d’autres voulussent t’en priver.
Tu y consens donc ?
Pourrais-je m’en défendre ?
O mes amies, j’ai entendu cette voix que je n’espérais plus entendre. À la fatale nouvelle[1], je restai sans voix, et les cris même, je ne les entendais pas (malheureuse !). Mais enfin, cher Oreste, je te possède ; tu m’es apparu avec un heureux aspect, que les plus grands malheurs ne pourraient me faire oublier.
- ↑ De sa mort supposée. Le texte parait ici très-altéré : ce passage a donné lieu aux interprétations les plus diverses. Hermann et Dindorf font des corrections hasardées. Wunder donne la leçon des manuscrits en la déclarant inintelligible.