Page:Sophocle - Œdipe Roi, trad. Bécart, 1845.djvu/76

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
ŒDIPE.
Dans quel temps ce forfait fut-il donc consommé ?


JOCASTE.
Dans la ville déjà le bruit s’en est semé

Vers l’époque où tu vins régner sur cette terre.

ŒDIPE.
O souverain des Dieux ! quelle horrible lumière !


JOCASTE.
Mais quel est le sujet de ce frémissement ?


ŒDIPE.
Ne m’interroge pas, et dis-moi seulement

Quels étaient de Laïus le port et le visage ?
De ce roi, dis-le moi, quel pouvait être l’âge ?

JOCASTE.
Il était grand, tes traits m’offrent son souvenir,

Mais déjà ses cheveux commençaient à blanchir.

ŒDIPE.
Malheureux que je suis ! Est-ce donc sur moi-même

Que tantôt j’ai lancé mon affreux anathème !

JOCASTE.
Je n’ose plus lever un seul regard sur toi.


ŒDIPE.
Je crains que le devin, cause de tant d’effroi,

N’ait été trop instruit. Ah ! fais-le-moi connaître,
Dis encore un seul mot.

JOCASTE.
Tout frémit en mon être.

Parle et je te dirai ce que je puis savoir,
De t’éclairer sur tout je me fais un devoir.

ŒDIPE.
Voyageait-il en roi ? Sa garde tutélaire,

Le suivait elle alors ?