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Le serment seul te doit garantir la conduite[1].
ŒDIPE.
Sais-tu ce que tu veux ?
LE CHŒUR.
Certes.
ŒDIPE.
Dis-le de suite.
LE CHŒUR.
Qu’un ami, par la foi du serment consacré[2], Cesse en vil criminel d’être considéré,
Quand tu n’as contre lui nulle preuve certaine.
ŒDIPE.
C’est mon exil, ma mort, que cette grâce entraîne !
LE CHŒUR.
De la voûte céleste astre resplendissant ! Je t’atteste, ô Soleil, ô Dieu le plus puissant !
Si jamais cette affreuse pensée
Fut conçue en mon âme oppressée,
Je veux subir le plus horrible sort,
Je vole de moi-même au-devant de la mort.
Infortuné, mais non coupable,
De la cité l’état si déplorable
Me déchire le cœur ;
Je le sens, mon malheur
S’accroîtra, si je vois la Discorde en furie
Semer tant de fléaux sur ma triste patrie !
- ↑ La religion du serment était si respectable aux yeux des anciens, que c’était un crime de n’y pas croire. On n’imaginait pas qu’il y eût des mortels assez impies pour se parjurer.
- ↑ Consacré par la religion du serment. Ce terme semblait être propre aux expiations, aux purifications. Brunck a donné à ce met cette signification : Qui se jurisjurandi religione obstrinxit, mais peut-être ne dit-elle pas encore assez.