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ŒDIPE.
O Thèbe, ô citoyens !
CRÉON.
Je les implore aussi.
LE CHŒUR.
O princes, arrêtez ! Jocaste que voici Sort du palais. O ciel ! que cette auguste reine
Se présente à propos pour calmer votre haine ;
Sans doute elle pourra terminer ce débat !
Scène III.
LES MÊMES, JOCASTE.
JOCASTE.
Infortunés ! quel est cet imprudent combat ? Vous luttez l’un et l’autre en paroles amères,
Sans rougir, au milieu des publiques misères !
Rentrez tous deux, seigneurs, rentrez dans le palais,
Cessez d’aigrir nos maux, retirez-vous en paix !
CRÉON.
Mais, ma sœur, il s’agit du sort que me prépare Œdipe, votre époux, sort cruel et barbare !....
Ou l’exil ou la mort[1] !...
ŒDIPE.
Oui, car je l’ai surpris Tramant contre mes jours des complots inouïs.
- ↑ Cet endroit est un peu embarrassant, car Œdipe a dit plus haut qu’il ne bornerait pas sa vengeance à chasser Créon de Thèbes, mais qu’il voulait le faire mourir. Ici Créon dit qu’Œdipe veut le punir de l’un ou de l‘autre supplice. Ne pourrait-on pas dire que le prince, pour mieux frapper l’esprit de la reine, lui met sous les yeux les deux actes de vengeance qu’Œdipe peut exercer contre lui, et lui laisse soupçonner que sa colère choisira le plus cruel, si la fuite ne dérobe pas Créon à ses coups ?