Montreront encor plus la noirceur de ton âme.
Dans un abîme affreux t’a plongé pour toujours.
Pourraient-ils seuls du sort renfermer le secret ?
Et tu payeras ainsi tant de sanglants outrages.
Si tu pouvais blesser un adversaire, ah ! crois
Que tu m’insulterais pour la dernière fois !
Veut te voir succomber sous Apollon lui-même[1] !
Viennent-ils ?
- ↑ Il est de toute impossibilité parfois de rendre littéralement le texte de Sophocle. Il y a ici, par exemple : Apollon est suffisant, pour : est seul mon garant ; seul il s’est réservé le soin d’accomplir ces choses, c’est-à-dire de te punir. Rochefort a adopté la correction admise par Brunck et qui lui a paru seule capable de donner quelque sens à la réponse de Tirésias et à ce qu’Œdipe vient de dire. Brumoy traduit : « Mon sort n’est pas entre vos mains ; Apollon est mon garant ; il aura soin de mes jours. » Ce sens, qui lui parait simple et vrai, n’est pas plus exact que celui du traducteur italien,
Orsatto Giustiniano :
{{g|Il possente Apollo oura|4}
Havra della mia vita
Il ne vaut pas mieux que celui de J. Camerarius : « Apollon aura soin de terminer mon sort. » Tirésias, il est vrai, selon Pausanias , mourut en allant à Delphes, après avoir bu de l’eau d’une fontaine ; mais cette circonstance ne justifie point ce sens. Les termes grecs ne permettent pas cette explication : ils ne disent pas même ce que le commentateur fait dire à Tirésias. Ce devin veut donner à entendre qu’Apollon lui a révélé le lieu, le temps et le genre de sa mort, à lui Œdipe, qui vient de dire que Tirésias ne saurait le blesser : Ce n’est pas moi, dit-il, mais Apollon qui accomplira ton destin.