J’eusse été le tuteur, le père de ses fils,
Si les destins cruels ne les eussent ravis.
Je prétends le venger comme on venge son père[1] ;
De l’antique Agénor la mémoire m’est chère,
Et de son petit-fils recherchant l’assassin,
Puissé-je à mes efforts voir une heureuse fin !
Ceux qui refuseraient, ô Thébains, de souscrire
Aux ordres que je viens à l’instant de prescrire,
Puisse le sol ingrat, rebelle à leurs travaux,
Par aucune moisson ne compenser leurs maux !
Puisse chacun d’eux voir son épouse expirante,
Sans enfants, être en proie à la mort dévorante !
Qu’ils succombent après à de plus durs destins !
Mais ceux dont l’esprit sage approuve mes desseins,
Ah ! puisse Jupiter leur être secourable,
Et l’Olympe à leurs vœux se montrer favorable ! »
Mais de ce meurtre affreux je ne sais point l’auteur.
Le Dieu qui nous transmit cet oracle terrible
Pouvait seul le trouver ; pour moi, c’est impossible.
Peut-il changer des Dieux un arrêt solennel ?