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J’eusse été le tuteur, le père de ses fils,
Si les destins cruels ne les eussent ravis.
Je prétends le venger comme on venge son père[1] ;
De l’antique Agénor la mémoire m’est chère,
Et de son petit-fils recherchant l’assassin,
Puissé-je à mes efforts voir une heureuse fin !
Ceux qui refuseraient, ô Thébains, de souscrire
Aux ordres que je viens à l’instant de prescrire,
Puisse le sol ingrat, rebelle à leurs travaux,
Par aucune moisson ne compenser leurs maux !
Puisse chacun d’eux voir son épouse expirante,
Sans enfants, être en proie à la mort dévorante !
Qu’ils succombent après à de plus durs destins !
Mais ceux dont l’esprit sage approuve mes desseins,
Ah ! puisse Jupiter leur être secourable,
Et l’Olympe à leurs vœux se montrer favorable ! »

LE CHŒUR[2].
À votre volonté je me soumets, Seigneur,

Mais de ce meurtre affreux je ne sais point l’auteur.
Le Dieu qui nous transmit cet oracle terrible
Pouvait seul le trouver ; pour moi, c’est impossible.

ŒDIPE.
Ce que tu dis est vrai. Mais jamais un mortel

Peut-il changer des Dieux un arrêt solennel ?

LE CHŒUR
Un autre expédient à mes yeux se présente.
  1. Il veut venger comme son père un roi dont il se trouve à la fin et le fils et le meurtrier !!
  2. Il parait que le peuple se retire après avoir reçu les ordres du roi. Le chœur, composé des plus anciens et des plus respectables citoyens de la nation, reste et répond pour le peuple.