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ARGUMENT SPÉCIAL DE L’ŒDIPE-ROI,
OU SOMMAIRE DE CHAQUE ACTE.


ACTE PREMIER.

Des vieillards, des enfants, un grand prêtre, des sacrificateurs, tenant dans les mains des rameaux consacrés en signe de supplications, sont prosternés, dans une place publique, au pied d’un autel qui est à l’entrée du palais d’Œdipe. On aperçoit même dans le lointain tout un peuple environnant les temples gémeaux de Pallas et l’autel d’Apollon. Œdipe s’avance pour consoler cette multitude immense qui l’entoure et lui demande de soulager ses maux. Il paraît et a voulu, dit-il, s’assurer par ses yeux de la situation de ses sujets infortunés. Le pontife de Jupiter fait un tableau pathétique des ravages de la peste. Il implore, de la prudence du roi, des secours contre le fléau. Œdipe a prévenu ces vœux et a envoyé à Delphes son beau-frère Créon, pour savoir les causes du courroux céleste. Il s’étonne qu’il ne soit pas encore de retour. Ce prince arrive avec un air de satisfaction et annonce que la peste ne cessera que lorsqu’on aura recherché les auteurs du meurtre de Laïus et vengé sa mort. Œdipe s’engage à ne rien négliger pour découvrir le meurtrier et profère d’avance contre lui les plus terribles imprécations, dont l’effet est d’autant plus grand qu’elles retomberont sur sa propre tête.

Toute la marche de ce 1er acte est d’une perfection rare et frappante ; l’exposition en est très-claire, simple et pourtant sublime. L’action y est exposée dans toute son étendue :

1o Les calamités thébaines sont retracées par celui qui parle au nom du peuple.

2o Créon expose la cause de ces fléaux, en rapportant la réponse de l’oracle.

3o Les conseils et la prudence d’Œdipe ordonnent et préparent un remède au mal.

Nous ne connaissons, dans aucun théâtre ancien ou moderne, d’exposition plus simple, plus exacte, plus juste, plus précise, plus majestueuse, plus naturelle, plus belle et plus intéressante à la fois, que celle du sublime poète, qui a porté la tragédie à son plus haut degré de splendeur.