Page:Sophocle (tradcution Masqueray), Tome 2.djvu/96

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

marche est pesante, silencieuse. Et lui, hélas ! il se laisse porter, ne dit rien. Que faut-il penser ? Est-il mort ? Est-il assoupi ?

Entrent Hyllos, un Vieillard et des serviteurs : ils portent Héraclès étendu sur une litière.
Mélodrame[1].

Hyllos. — Ah ! que de peine, que de peine me cause ton état, père ! Que faire ? Quel parti prendre ? Hélas !

Le Vieillard. — (A demi-voix.) Tais-toi, mon enfant, ne réveille pas la douleur sauvage qui affole ton père. Il vit, mais il est anéanti. Tiens fermée ta bouche, mords-la.

Hyllos. — Tu en es sûr, vieillard, il vit ?

Le Vieillard. — (A demi-voix.) Tu ne vas pas l’éveiller dans son sommeil, ni exciter et ranimer son mal intermittent, atroce, mon enfant ?

Hyllos. — Que je souffre ! sur moi pèse un mal infini : j’en perds la raison.

A ce moment, Héraclès fait un mouvement et se réveille.

Héraclès. — O Zeus ! où suis-je ? en quel pays ? Qui sont ceux chez lesquels je suis étendu, torturé par d’incessantes douleurs ? Hélas ! infortuné que je suis, et voici que le mal me mord encore, oh ! dieux !

Le Vieillard. — (A Hyllos.) Ne savais-tu pas combien


    dans Ptolémée III, XIII, 34. La seule objection qu’on puisse lui faire, c’est que ce nom ne se rencontre que chez ce géographe et que ce géographe soit postérieur de plus de six siècles à Sophocle. — Rien d’ailleurs n’est plus fréquent dans la tragédie que le vœu formulé ici par le chœur, et dans Euripide, comme on l’a remarqué, il y a toujours un personnage qui souhaite avoir des ailes pour s’envoler et échapper ainsi au malheur qui le menace. Cf. Hippolyte, 782 ; Hécube, 1100 ; Ion, 796, 1238 et bien souvent ailleurs. Cf. Euripide et ses idées, p. 76, note 2.

  1. Parmi tous les essais d’équilibre antistrophique auxquels on a voulu soumettre ce μένος ἀπὁ σκηνῆς, (971-1043.) celui de G. Hermann