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Le sujet de ce petit drame est fort simple. Hermès, né des amours de Zeus et de Maïa, n’a encore que quelques jours. Ils lui ont suffi pour voler les génisses d’Apollon et pour inventer la lyre. Tout cela est raconté longuement dans l’Hymne à Hermès dont sont tirés les Ἰχνευταί[1], comme le Cyclope d’Euripide est tiré de la Κυϰλωπεία du livre IX de l’Odyssée. On remarquera seulement ici que dans l’Hymne homérique Hermès invente la lyre avant de voler les bœufs, tandis que dans Sophocle il suit l’ordre opposé, parce que cet ordre est plus logique. On a déjà trouvé ailleurs[2] des exemples de ces inversions.

Les personnages sont Apollon qui récite le prologue, la nymphe Cyllène qui élève Hermès et qui lui sert de τροφός, Silène, père des Satyres qui forment le chœur des Limiers. Entendez par là que ces Satyres, comme des chiens de chasse, dès qu’ils arrivent sur le théâtre, se mettent en quête et cherchent les traces qu’a dû laisser sur le sol le voleur d’Apollon et son troupeau. Ces Limiers ont donné leur nom à la pièce.

Il n’y a pas d’autres personnages dans les scènes retrouvées. Il manque donc Hermès, qui n’apparaissait que dans la seconde partie pour se réconcilier avec Apollon : il lui remettait sa lyre[3] qui devint dès lors son attribut, de même qu’Apollon lui abandonnait ses bêtes, pour faire de lui le

    tenant aux Limiers de Sophocle, a été replacé, non sans retouches, par H. Schenkl, aidé de C. Robert au v. 309. — Hunt veut retrouver le verbe ῥιϰνοῦσθαι cité par Photius, Suidas et Hésychios dans le participe ϰατερριϰνωμένος du v. 295. — Enfin βοῦϰλεψ cité par Athénée IX, p. 409 c comme étant, dans Sophocle, une épithète d’Hermès conviendrait bien, comme l’a remarqué Wilamowitz, à l’Hermès des Ἰχνευταί.

  1. Cf. L. Köttgen, Quæ ratio intercedat inter Indagatores fabulam sophocleam et hymnum in Mercurium qui fertur homericus, Bonn, 1914.
  2. Ainsi, dans les Trachiniennes, le poète place les travaux d’Héraclès après son union avec Déjanire, (cf. Notice, p. 11) dans le Philoctète, l’arrivée de Néoptolème à Troie avant celle du fils de Pœas (cf. Notice, p. 73).
  3. Dans l’Antiope d’Euripide, fragm. 190, Hermès faisait la même chose.