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volé, la Fortune t’a pris dans tes propres pièges : bien acquis par ruse malhonnête ne se conserve pas. Et tu n’auras aucun secours : je suis certain, en effet, que ce n’est pas sans aide ni sans armes que tu t’es porté à une insulte aussi audacieuse : il y a des gens à qui tu t’es fié pour faire ce que tu as fait. Il faut que j’y veille et que je ne rende pas cette cité plus faible qu’un homme isolé. Comprends-tu mes paroles, ou les crois-tu aussi inutiles que ce qu’on t’a dit, quand tu préparais ton acte[1] ?

Créon. — Je n’ai rien à objecter à ce que tu pourras dire, tant que je serai ici. A Thèbes, nous aussi nous saurons ce qu’il faut faire.

Thésée. — Menace maintenant, mais marche. Toi, Œdipe, reste ici en paix et sois assuré qu’à moins de mourir auparavant, je ne m’arrêterai pas que je ne t’aie rendu tes enfants.

Œdipe. — Puisses-tu être heureux, Thésée, en récompense de ta générosité et de ta juste protection à notre égard !

Thésée sort avec Créon.
Animé.

Le Chœur.Que ne suis-je à l’endroit ou les guerriers ennemis vont se retourner, pour engager la lutte au milieu du fracas de l’airain, soit près des rivages du dieu pythien, soit près de ceux que les torches illuminent ! C’est là que les vénérables déesses président pour les mortels aux augustes mystères, et elles ont posé une clef d/or sur la bouche des Eumolpides, leurs prêtres. Là, je pense, en ces lieux, le belliqueux Thésée et les deux vierges, les deux sœurs que l’on


    laisse donc ce soin à des subalternes et ne se met en route, avec Créon, qu’après eux. Ce qui ne l’empêchera pas de rendre bientôt à son hôte Antigone et sa sœur.

  1. Thésée n’était pas en scène, quand a eu lieu l’enlèvement d’Antigone : s’il y avait été, le rapt n’aurait pas eu lieu. Il n’est arrivé que lorsque la jeune fille était déjà loin, au moment où on allait encore enlever Œdipe : il a entendu appeler au secours, il est accouru, v. 887. Il ne peut donc pas savoir ce qu’on a bien pu dire à Créon