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Avec des hésitations, des silences.

Œdipe.Comme cela ?

Le Coryphée.Oui, tu m’entends, c’est assez.

Œdipe.Faut-il m’asseoir ?

Le Coryphée.De côté, sur le bord du rocher, baisse-toi, assieds-toi.

Antigone.Père, cela me regarde : doucement…

Œdipe.Ah ! que je suis malheureux !

Antigone.Règle ton pas sur le mien, en appuyant ton corps chargé d’années sur mon bras ami.

Œdipe.Hélas ! que ma destinée est affligeante ! (Il s’assoit.)

Le Coryphée.Malheureux ! maintenant que te voilà tranquille, parle, quel est ton père ? Qui es-tu, toi qui mènes ainsi une vie errante ? Quelle est ta patrie ? Dis-le-nous.

Avec des temps, des arrêts.

Œdipe.O étrangers, je suis un exilé : de grâce… (Il se tait.)

Le Coryphée.Pourquoi ne veux-tu pas parler, vieillard ?

Œdipe.Non, non, ne me demande pas mon nom ! ne pousse pas plus loin tes questions.

Le Coryphée.Qu’est-ce à dire ?

Œdipe.Affreuse est mon origine.

Le Coryphée.Parle.

Œdipe.(A Antigone.) Mon enfant, hélas ! Que faut-il que je dise ?


    vers très fluides ont beaucoup souffert. La chose est fréquente en ces sortes de dialogues lyriques, si souples, si compliqués. (Cf. vol. I, Introduction, p. XXX.) Encore ne faut-il pas exagérer les dégradations : les vers 184-7, 203-6, c’est-à-dire les deux couplets les plus longs du dialogue, se répondent avec les seules corrections ordinaires. — Faut-il chercher à rétablir l’équilibre au delà de 206 ?