je t’ai vue pleurer, te lamenter sur l’absence d’Héraclès. Aujourd’hui, s’il est permis à des esclaves de donner de sages conseils à des gens libres et s’il faut que je m’occupe de ce qui te concerne, comment as-tu de nombreux enfants et n’en envoies-tu aucun à la recherche de ton mari, surtout celui qu’il est naturel d’envoyer, Hyllos, s’il s’intéresse à son père, à son bonheur ? Tout près de nous le voici lui-même qui se dirige en courant vers le palais[1]. Si tu trouves donc quelque opportunité en mes paroles, tu peux le servir de lui comme je te le conseille.
Déjanire. — Mon fils, mon enfant, même de la bouche des gens sans naissance il tombe à propos de sages paroles. Cette femme-ci, toute esclave qu’elle est, vient de parler comme si elle était libre.
Hyllos. — Qu’a-t-elle dit ? Instruis-m’en, mère, si je puis en être instruit.
Déjanire. — Qu’il est honteux, quand ton père est absent depuis si longtemps, que tu ne t’informes pas où il se trouve.
Hyllos. — Mais je le sais, s’il faut se fier à ce qu’on dit.
Déjanire. — Et dans quelle contrée, mon enfant, as-tu appris qu’il séjourne ?
Hyllos. — L’année qui vient de s’écouler, il a fini par devenir l’esclave, assure-t-on, d’une femme de Lydie.
Déjanire. — On peut s’attendre à tout, s’il a subi pareil affront.
Hyllos. — Mais il en est délivré, à ce que j’entends dire.
Déjanire. — Où raconte-t-on qu’il soit maintenant, vivant ou mort ?
Hyllos. — On affirme qu’il fait une expédition contre un pays de l’Eubée, contre la ville d’Eurytos, ou qu’il s’y prépare.
- ↑ On peut trouver que l’arrivée d’Hyllos est bien opportune, mais
clès a été un an esclave chez Omphale, et il a ensuite ravagé Œchalie, (cf. Bacchylide XV, v. 14) pour se venger d’Eurytos, dont il a pris la fille.