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peu compte de moi, quand je meurs ! Mais la malédiction des dieux te sera réservée, si tu désobéis à mes ordres.

Hyllos. — Hélas ! bientôt, je crois, ton langage va montrer comme tu souffres.

Héraclès. — En effet, mon mal était endormi et tu le réveilles.

Hyllos. — Infortuné, dans quelle incertitude je suis !

Héraclès. — Parce que tu ne trouves pas juste d’obéir à qui t’a engendré.

Hyllos. — Mais faut-il que j’apprenne à devenir impie, père ?

Héraclès. — Il n’y a pas d’impiété à satisfaire mon cœur.

Hyllos. — M’ordonnes-tu bien d’agir ainsi, en toute justice ?

Héraclès. — Oui, en toute justice, j'en atteste les dieux.

Hyllos. — Alors j’agirai, j’exécuterai ton ordre, en prenant les dieux à témoin que c’est là ton ouvrage. Je ne saurais paraître un criminel, quand je t’obéis, mon père.

Héraclès. — J’approuve ces dernières paroles. A cette promesse ajoute la promptitude à me venir en aide, mon fils : de cette façon, avant qu’une convulsion ou une crise de douleur fonde sur moi, tu m’auras déposé sur le bûcher. Allons, hâtez-vous, emportez-moi. Il n’y a point d’autre terme à mes souffrances, que ma fin suprême.

Hyllos. — Rien n’empêche que ce que tu dis soit accompli, puisque tu l’ordonnes et que tu m’y contrains, père.

Hyllos fait signe aux porteurs d’approcher avec la litière. — A ce moment s’ouvrent les portes du palais et Iole apparaît sur le seuil avec les autres captives.
Mélodrame.

Héraclès. — Allons, avant que mon mal se réveille, ô ma rude âme, mets à ma bouche un frein d’acier, scelle mes lèvres comme deux pierres et arrête mes cris, car tu vas accomplir avec joie un acte qui épouvante.