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aimer mieux commander au milieu des terreurs que dormir tranquille en possédant la même puissance ? Pour moi, certes, j’aime mieux faire ce que font les rois qu’être roi, et tout homme sage pense ainsi. En effet, maintenant j’obtiens tout de toi sans crainte, et, si j’étais roi moi-même, je ferais un grand nombre de choses contre mon gré. Comment donc me serait-il plus doux de régner que d’être puissant et tranquille ? Je ne suis pas insensé au point de désirer autre chose que les biens qui me profitent. Maintenant tous m’honorent, chacun m’embrasse. Ceux qui souhaitent quelque chose de toi me flattent, car l’accomplissement de leurs vœux est dans ma main. Pourquoi, je te prie, perdrais-je ces avantages pour régner ? Un esprit pervers nourrirait là des desseins insensés. Je n’ai nullement les désirs que tu me prêtes et je ne voudrais jamais les satisfaire avec l’aide d’un autre. Voici la preuve de ceci. Va demander à Pythô si je t’ai rapporté fidèlement l’oracle. Alors, si tu me convaincs de m’être concerté avec le Divinateur, tue-moi, non par un seul suffrage, mais par deux, le mien et le tien. Mais ne m’accuse pas sans preuve, car il n’est pas juste de décider témérairement que les bons sont mauvais et que les mauvais sont bons. Qui rejette un ami fidèle agit plus mal, je le dis, que s’il rejetait sa propre vie qui est le bien qu’on aime le plus. Avec le temps tu te convaincras de tout ceci, car le temps seul montre quel est l’homme irréprochable, tandis qu’en un seul jour tu reconnaîtras un pervers.

LE CHŒUR.

Tu avoueras qu’il a bien parlé, ô Roi, si tu crains de faillir, car ceux qui jugent en hâte ne sont sûrs de rien.