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l’avoir faussement accusée, et de vivre encore, privé à la fois de son père et de sa mère. Les choses sont ainsi. Il est insensé celui qui compte sur deux ou plusieurs jours, car il n’y a de lendemain que si le jour présent s’est bien passé.

LE CHŒUR.
Strophe I.

Sur laquelle de ces deux destinées dois-je gémir d’abord ? Laquelle est de beaucoup la plus misérable ?

Antistrophe I.

Quelles calamités nous avons sous les yeux dans la demeure, et combien nous devons en craindre de nouvelles ! Les maux qu’on subit et ceux qu’on attend sont une même douleur.

Strophe II.

Puisse un vent souffler sur cette demeure et m’emporter d’ici, afin que je ne meure pas de terreur à la seule vue du brave fils de Zeus ! Car ils disent qu’il approche de ces demeures, rongé d’un mal irrémédiable, horrible à voir !

Antistrophe II.

Mais, tel que le rossignol gémissant, je pleurais un malheur qui n’était pas éloigné. Voici venir, en effet, une foule inaccoutumée d’étrangers. Comme ils marchent, tristes et en silence, à cause de l’ami qu’ils portent ! Hélas ! hélas ! il reste muet. Est-il mort ? Dort-il ?