l’Ouranos, le grand Zeus qui voit et dirige toutes choses. Remets-lui ta vengeance amère et ne t’irrite point trop contre tes ennemis, ni ne les oublie cependant. Le temps est un Dieu complaisant, car l’Agamemnonide qui habite maintenant Krisa abondante en pâturages ne tardera pas toujours, ni le Dieu qui commande auprès de l’Akhérôn.
Mais voici qu’une grande part de ma vie s’est passée en de vaines espérances, et je ne puis résister davantage, et je me consume, privée de parents, sans aucun ami qui me protége ; et même, comme une vile esclave, je vis dans les demeures de mon père, indignement vêtue et me tenant debout auprès des tables vides.
Il fut lamentable, en effet, le cri de ton père, à son retour, dans la salle du repas, quand le coup de la hache d’airain tomba sur lui. La ruse enseigna, l’amour tua ; tous deux conçurent l’horrible crime, soit qu’un Dieu ou qu’un mortel l’ait commis.
Ô le plus amer de tous les jours que j’ai vécus ! Ô nuit ! Ô malheur effrayant du repas exécrable, où mon père a été égorgé par les mains de ces deux meurtriers qui m’ont arraché la vie par trahison et m’ont perdue à jamais ! Que le grand Dieu Olympien leur envoie de tels maux ! Que rien d’heureux ne leur arrive jamais, puisqu’ils ont commis un tel crime !