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nous sommes arrivés, et la fatidique maison des Pélopides où, autrefois, après le meurtre de ton père, je te reçus des mains de ta sœur, et, t’ayant enlevé et sauvé, je t’élevai jusqu’à cet âge pour venger la mort paternelle. Maintenant donc, Orestès, et toi, le plus cher des hôtes, Pyladès, il s’agit de promptement délibérer sur ce qu’il faut faire. Déjà le brillant éclat de Hèlios éveille les chansons matinales des oiseaux et la noire Nuit pleine d’astres tombe. Avant qu’aucun homme sorte de la demeure, tenez conseil ; car, où en sont les choses, ce n’est plus le lieu d’hésiter, mais d’agir.

ORESTÈS.

Ô le plus cher des serviteurs, que de marques certaines tu me donnes de ta bienveillance pour nous ! En effet, comme un cheval de bonne race, bien qu’il vieillisse, ne perd point courage dans le danger, mais dresse les oreilles, ainsi tu nous excites et tu nous suis des premiers. C’est pourquoi je te dirai ce que j’ai résolu. Pour toi, écoutant mes paroles de toutes tes oreilles, reprends-moi si je m’égare. Quand j’allai trouver l’Oracle Pythique, afin de savoir comment je châtierais les tueurs de mon père, le Phoibos me répondit ce que tu vas entendre : — Toi seul, sans armes, sans armée, secrètement et par des embûches, tu dois, de ta propre main, leur donner une juste mort. — Donc, puisque nous avons entendu cet oracle, toi, quand il sera temps, entre dans la demeure, afin qu’ayant appris ce qu’on y fait, tu viennes nous le dire sûrement. Ils ne te reconnaîtront ni ne te soupçonneront, après un si long temps, et tes cheveux ayant blanchi. Dis-leur que tu es un étranger Phokéen, envoyé par un homme nommé Phanoteus. Et, en effet, celui-ci est leur meilleur allié. Annonce-leur