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Strophe II.

C’est lui qui m’a refusé la joie des couronnes et des larges coupes, et du doux son des flûtes et des voluptés nocturnes. Hélas ! il m’a enlevé l’amour ! Et je suis couché, délaissé, mouillant mes cheveux de rosées abondantes, souvenir de la funeste Troia !

Antistrophe II.

Naguère le brave Aias était mon rempart contre les terreurs nocturnes et les traits cruels ; mais il a été livré à un Daimôn odieux. Quelle volupté aurai-je désormais ? Plût aux Dieux que je fusse là où le promontoire boisé de Souniôn domine la haute mer, afin de saluer la sainte Athana !

TEUKROS.

Je me suis hâté, ayant aperçu le chef Agamemnôn qui vient à nous d’un pas rapide. Certes, sa bouche va s’ouvrir à moi en paroles sinistres.

AGAMEMNÔN.

On m’annonce que tu oses te répandre impunément en insolences contre nous ? Cependant, tu es né d’une captive. Combien, te dressant sur l’extrémité de tes pieds, ne te vanterais-tu pas orgueilleusement, si tu avais été nourri par une mère libre, puisque n’étant qu’un homme de rien tu combats pour celui qui n’est plus rien, disant que nous ne sommes les chefs ni des nefs, ni des Akhaiens, ni les tiens, et qu’Aias est monté sur ses nefs par sa propre volonté ? N’est-ce point un grand opprobre d’entendre de telles choses d’un esclave ? Et pour quel homme parles-tu si insolemment ? Où est-il