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une chose vaine. Celui qui agira contre ce décret devra être écrasé de pierres par le peuple, dans la Ville. Voilà ce qui te menace, et tu montreras avant peu si tu es bien née ou si tu es la fille lâche de pères irréprochables.

ISMÈNÈ.

Ô malheureuse ! si la chose est telle, à quoi me résoudre ?

ANTIGONÈ.

Vois si tu veux agir avec moi et m’aider !

ISMÈNÈ.

Que médites-tu ? Quelle est ta pensée ?

ANTIGONÈ.

Veux-tu enlever le cadavre avec moi ?

ISMÈNÈ.

Penses-tu à l’ensevelir, quand cela est défendu aux citoyens ?

ANTIGONÈ.

Certes, j’ensevelirai mon frère qui est le tien, si tu ne le veux pas. Jamais on ne m’accusera de trahison.

ISMÈNÈ.

Ô malheureuse ! Puisque Kréôn l’a défendu ?