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ET PRIAPIQUES


Je ne connus jamais femme de tel courage,
Ni d’un si haut esprit, qui veut tout embrasser,
Un seul de tant d’amans on ne luy voit chasser,
A tous également sa franchise elle engage.

Par des regars trompeurs, et par un doux visage,
Elle peut, à son gré les esprits enlasser,
Et ne se lasse point d’attraire et pourchasser
Un Prince maintenant, et maintenant un Page.

Pour savoir bien danser le muguet est aymé ;
L’autre chante assez bien ; et l’autre est estimé
Pour ce qu’il fait des vers ; l’autre est de bonne mise.

Et bien soit, de par Dieu, je ne l’en veux blâmer ;
Mais il me fâche fort de luy voir tant aymer
Ce sot qui ne fait rien que fraiser sa chemise.