Page:Sonnets gaillards et priapiques, 1903.djvu/39

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
35
ET PRIAPIQUES


De ce v. que tu vois, apprens, ambitieux[1],
Comme on traitte les v. sur la croupe jumelle,
Ce v. qu’ores tu vois qui va trainant de l’aile,
Est l’exemple parfait des v. audacieux.

Grimpant sur l’Hélicon, un Dieu malicieux
Luy arracha le nez, et creva la prunelle,
Et Thalie, escrimant d’une vieille allumelle,
Le rendit sans oreille, aussi bien que sans yeux.

Mais quoy qu’estropié d’yeux, de nez, et d’oreille,
Parmy ces neuf Putains encor fit-il merveille,
Aculant a deux doits du Bordel la Vertu ;

Et n’eût esté Méduse à la laide grimace,
Qui empierra ce v. de malheur combatu,
Il foutoit Apollon, et Pegase, et Parnasse.


  1. (Publié dans le Cabinet Satyrique, 1618)