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VOYAGE AUX INDES

impunément que nous leur avons apporté nos vices. Auteurs de leur dépravation, nous en avons été les premières victimes ; ils apprirent de nous le meurtre & le brigandage dont ils se servirent ensuite contre leurs maîtres.

Nous ne connoissons de Madagascar que la côte de l’est ; les meilleurs port de cette côte sont le fort Dauphin, Tamatave, Foule pointe, l’île Saint-Marie, & le port Choiseuil dans la baye d’Antongil. La partie du ouest est très-peu fréquentée à cause de la cruauté des habitans de cette côte, & par conséquent elle est très-peu connue.

Il y a trois races d’hommes très-distinctes à Madagascar ; la première est très-noire, & a les cheveux courts & crépus : elle paroît être la seule qui soit originaire de cette île. Ceux qui forment la seconde, habitent quelques provinces de l’intérieur ; ils sont bazannés & ont les cheveux longs & plats ; on les nomme Malambous : ils sont continuellement en guerre avec les premiers ; on les estime moins à l’île de France que les autres, parce qu’ils sont moins forts pour le travail, & qu’ils sont en général très-paresseux : leurs traits ressemblent assez à ceux des Malais. La troisiéme habite les environs du fort Dauphin, & quelques parties de la côte de l’ouest ; ils descendent de quelques anciens Arabes qui s’établirent dans l’île après un naufrage : ils ont conservé la figure, de même que certaines coutumes de leurs ancêtres ; mais ils n’en ont aucune connoissance : ils disent seulement qu’ils ne sont point originaires du pays, & se regardent comme enfans de la mer, parce qu’elle a jetté leurs pères dans cette contrée. Ils écrivent la langue Madégasse en caractères Arabes, sur une espèce de mauvais papier qu’ils fabriquent eux-mêmes avec une écorce d’arbre battue qu’on

appelle