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ET A LA CHINE. Liv. IV.

prendre cinq piéces, mais non pas des considérables, comme draps & autres objets de prix. Après toutes ces vérifications, il est permis de charger le vaisseau.

Le bois de tek qu’on en rapporte est excellent pour la construction, & propre à faire de beaux meubles. Il se consserve dans l’eau sans se corrompre, au point qu’il n’est pas rare de voir des vaisseaux construits au Pégû naviguer plus de cent ans. Ce pays est très-riche par lui-même ; on y trouve des mines d’or, d’argent, de cuivre & de calin, mais on ne les exploite pas. Le fer, plus tendre que le nôtre, s’y trouve pur en masses de quinze à vingt livres, prêt à être mis en œuvre. Les rubis, quoique très-communs, ont cependant une valeur, mais on ne peut les sortir du royaume que par contrebande ; il en coûteroit des sommes immenses, si l’on étoit pris en fraude, peut-être la liberté & même la confiscation du vaisseau.

On y trouve aussi des saphirs, des émeraudes, des topases, des aigues marines. Les Pégouins appellent toutes ces pierres fines Rubis, & les distinguent par la dénomination de rubis bleu, rubis verd, rubis jaune, &c. (a[1])

Le soufre & le brai y sont communs & à très-bon compte ; la terre y est fertile, mais on ne la cultive que pour avoir du riz. On en séme une espéce particulière qui est très-esti

  1. D’après une conversation que j’ai eu avec le savant M. Romé de l’Isle, à qui l’Histoire Naturelle doit tant de découvertes utiles, j’appris que toutes ces pierres fines orientales paroissent être les mêmes, puisqu’elles ont la même crystallisation, la même pesanteur & la même dureté, & qu’elles ne doivent la différence de leur couleur qu’aux parties qui les ont colorées. Ainsi les Pégouins n’ont pas tout-à-fait tort de donner la même dénomination à toutes ces pierres fines.