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ET A LA CHINE. Liv. IV.

ne va pas au-delà de vingt à vingt-cinq pourcent. Le Roi faisant seul le commerce, oblige de vendre & d’acheter de son Agent au prix qu’il veut ; quand on peut soustraire à sa cupidité quelques marchandises, on les vend à son peuple qu’il opprime, & l’on y gagne considérablement.

Les Français avoient su acquérir la confiance des Achémois qui les préféroient aux Anglais à cause de leur douceur ; mais quelques expéditions que les Français ont faites contre eux, les ont totalement aliénés, notamment celles du vaisseau la Paix en 1770, & l’Etoile à Borneo en 1775. Ils les leur rappellent toutes les fois qu’ils y vont, & jamais il ne pourront les leur faire oublier. Un souvenir pareil mettra toujours obstacle au commerce qu’ils voudront faire avec ce peuple, car il est lâche, & conséquemment traître & vindicatif.

Dès qu’un vaisseau mouille dans le port, il doit faire saluer le Roi par un des officiers de l’équipage ; mais on ne l’approche pas les mains vuides, il faut toujours lui faire quelques présens. Autrefois avant que d’entrer dans ses appartemens, on étoit obligé d’ôter ses souliers ; aujourd’hui on peut s’en dispenser, pourvu qu’on en mette une paire de drap rouge par-dessus ceux q’on porte ordinairement.

Les vaisseaux qui vont au Pégû, prennent à Achem une partie de leur cargaison en Aréques; elles doivent être préparées différemment de celles qu’on porte à la côte de Coromandel, ce qui oblige d’y séjourner près de quatre mois. Ils achévent de compléter leur cargaison en cocos aux îles Nicobards. Ces deux objets rendus au Pégû, donnent toujours un bénéfice de trente-cinq à quarante pour un.

On suit au Pégû les mêmes usages qu’au Japon. Aussi-tôt