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Toutes les ressources de l'industrie ne peuvent rien sur l'île de France, elle sera toujours ingrate envers ceux qui l'habitent, ils ne parviendront jamais à s'y procurer une vie commode, car sans compter les ravages produits par les ouragans, ils ont encore à lutter contre des légions de rats & d'oifeaux deftrudeurs ; le tarin & le gros bec de Java qu'on avoit d'abord apportés comme des efpèces curieuses, & que l'on confervoit précieufement dans des cages, se sont aujourd'hui tellement multipliés, qu'ils dévorent presque toutes les récoltes. Pour les écarter des champs ensemencés, on est obligé d'y mettre plusieurs noirs en sentinelle, qui ne cessent de crier & de frapper des mains. Les rats y sont en si grande quantité, que souvent ils dévorent un champ de maïs dans une seule nuit ; ils mangent aussi les fruits, & détruisent les jeunes arbres par leurs racines. Ce fut, dit-on, la cause pour laquelle les Hollandais abandonnèrent cette île.

Ces animaux pernicieux ont fixé l'attention du Gouvernement, chaque habitant est obligé d'en détruire une certaine quantité suivant le nombre de noirs qu'il posséde, & d'envoyer au bureau de la Police les têtes des oiseaux & les queues des rats qu'il a tués. Mais toutes ces précautions sont inutiles. Il est impoffible qu'on parvienne à s'en délivrer, à moins que de gros oifeaux de proie & des détachemens de foldats ne conipirent enmême-tems contre eux; c'eft de cette manière qu'on détruinc autrefois les fauterelles, dont le nombre étoit iï prodigieux, que lorfqu'un nuage de ces infeftes fe repofoit fur un champ de nz, de blé ou de maïs, il n'en reftoit aucune trace,les mardns, efpèces de merles apportés de l'Inde, firent leur nourriture de cet infecte, & le Gouvernement acheva de les détruire, mais

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