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Mais mon âme était plus triste et plus sombre ;
Et je me sentais glacé par l’effroi…
Car tes beaux yeux bleus étaient loin de moi,

Et lorsque ma main s’avançait dans l’ombre
Et cherchait ta main, comme aux jours fêtés,
Elle retombait vide à mes côtés !


ÉPILOGUE


 
Je referme aujourd’hui le livre
Qu’ensemble nous avons ouvert
Lorsque dans l’ombre du bois vert
Tout disait le bonheur de vivre.

Ce livre était plein de rayons,
Comme l’aube le long des grèves,
J’avais placé là tous mes rêves
Et toutes mes illusions.

C’étaient le plus pur de ma vie,
Mes ardeurs folles, mes plaisirs
Et la volupté de désirs
Qui laissent l’âme inassouvie.

Nous l’avions commencé jadis,
Au temps des floraisons sereines,
Parmi les roses, les verveines
Qui nous faisaient un paradis.

Nous lisions avec la pensée
Qu’il ne devrait jamais finir,
Et que la jeunesse à venir
Ne serait pas sitôt passée…

Mais un soir, sous le ciel plombé,
Le fouet menaçant des tempêtes,
Hélas ! a sifflé sur nos têtes, —
Et le pauvre livre est tombé,

Dispersant dans les airs farouches,
Avec nos cris et nos rancœurs,
Tous les murmures de nos cœurs
Et tous les baisers de nos bouches !