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cratiquement ; c’est-à-dire que tous les citoyens, sans distinction, doivent participer, directement ou indirectement, à la formation de la loi. Or, ce mode de consultation démocratique n’a jamais été exercé d’une manière suivie : l’éternelle conjuration des privilèges ne l’a pas permis. Princes, nobles et prêtres, gens de plume et gens d’épée, magistrats, professeurs, savans, artistes, industriels, commerçans, financiers, propriétaires, sont toujours parvenus à rompre le faisceau démocratique, à changer la voix du Peuple en une voix de monopole. Maintenant que nous possédons la seule et vraie manière de faire parler le Peuple, nous saurons par-là même ce qui constitue l’authenticité et la légitimité de sa parole, et toutes vos précédentes objections s’évanouissent. La sincérité du régime démocratique nous garantit la solution.

Je conviens que le nœud de la difficulté consiste à faire parler et agir le Peuple comme un seul homme. La République, selon moi, n’est pas autre chose ; et c’est là aussi tout le problème social. La démocratie prétend résoudre ce problème par le suffrage universel appliqué dans la plus grande largeur, soit la substitution de l’autorité de la multitude à l’autorité royale. C’est pour cela qu’elle s’appelle Démocratie, gouvernement de la multitude.

C’est donc la théorie du suffrage universel que nous avons à juger. Ou, pour dire de suite toute ma pensée, c’est la démocratie que nous avons à démolir, comme nous avons démoli la monarchie : cette