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Le Peuple est-il pour l’élection directe ; ou pour celle à deux degrés ? pour une représentation de 900 ou pour une de 450 ?

Le Peuple est-il ou n’est-il pas communiste, phalanstérien, néo-chrétien, utilitaire ? car, enfin, il y a de tout cela dans le Peuple. Est-il pour Pythagore, Morelly, Campanella ou le bon Icar ? pour la Trinité ou, pour la Triade ? N’est-ce pas lui qui parle, et dans ces harangues qui ne disent rien, et dans ces placards qui se contredisent, et dans ces actes du Gouvernement conçus en sens contraire du 24 février ? Demande-t-il du pain et des spectacles, ou bien de la liberté ? N’a-t-il fait la révolution que pour la renier aussitôt, ou si son intention est de poursuivre ?

Or si le Peuple, à toutes les époques de l’histoire, a pensé, exprimé, voulu et fait une multitude de choses opposées ; si, aujourd’hui même, entre tant d’opinions qui le divisent, il lui est impossible d’en choisir une sans en répudier une autre et par conséquent sans se mettre en contradiction avec lui-même, que voulez-vous que je pense de sa raison, de sa moralité, de la justice de ses actes ? Que puis-je attendre de ses représentans ? Et quelle preuve d’authenticité me donnerez-vous en faveur d’une opinion, que je ne puisse à l’instant revendiquer pour l’opinion contraire ?

Ce que j’admire au milieu de la confusion des idées, c’est que la foi à la souveraineté du Peuple, loin de faillir, semble, par cette confusion même,