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usurpent son autorité ? comment, enfin, établissez-vous la légitimité du verbe populaire ?

Je crois à l’existence du Peuple comme à l’existence de Dieu.

Je m’incline devant sa volonté sainte ; je me soumets à tout ordre émané de lui ; la parole du Peuple est ma loi, ma force et mon espérance. Mais, suivant le précepte de saint Paul, mon obéissance, pour être méritoire, doit être raisonnable, et quel malheur pour moi, quelle ignominie, si, lorsque je crois ne me soumettre qu’à l’autorité du Peuple, j’étais le jouet d’un vil charlatan ! Comment donc, je vous en supplie, parmi tant d’apôtres rivaux, d’opinions contradictoires, de partis obstinés, reconnaîtrai-je la voix, la véritable voix du Peuple ?

Le problème de la souveraineté du Peuple est le problème fondamental de la liberté, de l’égalité et de la fraternité, le principe de l’organisation sociale. Les gouvernemens et les peuples n’ont eu d’autre but, à travers les orages des révolutions et les détours de la politique, que de constituer cette souveraineté. Chaque fois qu’ils se sont écartés de ce but, ils sont tombés dans la servitude et la honte. C’est dans cette vue que le Gouvernement provisoire a convoqué une Assemblée nationale nommée par tous les citoyens, sans distinction de fortune et de capacité : l’universalité des suffrages lui paraissant être l’expression la plus approchée de la souveraineté du Peuple.

Ainsi l’on suppose d’abord que le Peuple peut être