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seul la légitimité, dont j’ai fait ressortir l’idée. Et vous me dites : Voilà le Peuple !

Mais d’abord, je n’ai vu qu’une foule tumultueuse sans conscience de la pensée qui la faisait agir, sans aucune intelligence de la révolution qui s’opérait par ses mains. Puis, ce que j’ai appelé logique du Peuple pourrait bien n’être autre chose que la raison des événemens, d’autant plus que, le fait une fois accompli, et tout le monde d’accord sur sa signification, les opinions se divisent de nouveau sur les conséquences. La révolution faite, le Peuple se tait ! Quoi donc ! la souveraineté du peuple n’existerait-elle que pour les choses du passé, qui ne nous intéressent plus, et non point pour celles de l’avenir, qui seules peuvent être l’objet des décrets du Peuple ?

Ô vous tous, ennemis du despotisme et de ses corruptions comme de l’anarchie et de ses brigandages, qui ne cessez d’invoquer le Peuple ; qui parlez, le front découvert, de sa raison souveraine, de sa force irrésistible, de sa formidable voix ; je vous somme de me le dire : Où et quand avez-vous entendu le Peuple ? par quelle bouche, en quelle langue est-ce qu’il s’exprime ? comment s’accomplit cette étonnante révélation ? quels exemples authentiques, décisifs, en citez-vous ? quelle garantie avez-vous de la sincérité de ces lois que vous dites sorties du Peuple ? quelle en est la sanction ? à quels titres, à quels signes, distinguerai-je les élus que le Peuple envoie d’avec les apostats qui surprennent sa confiance et